Vaccin : la peur de l’aluminium

Vaccins : les réactions « françaises » aux adjuvants aluminiques
Étonnant : selon un rapport de l’Académie nationale de pharmacie, 95 % des problèmes déclarés au niveau mondial l’ont été par une seule équipe française.

Un seul nouveau cas de MFM serait survenu depuis 2012 dans notre pays, pour 12 millions de vaccins adjuvés administrés chaque année.

« D’une manière inexpliquée, les cas de myofasciite à macrophages [complications liées au dépôt d’aluminium dans les muscles, NDLR] n’ont été décrits qu’une soixantaine d’années après les débuts de l’utilisation de l’aluminium comme adjuvant. Tout aussi inexpliquée est la restriction géographique relative de la description de ces phénomènes : une équipe française a, à elle seule, regroupé plus de 95 % des observations mondiales. » Les conclusions du volumineux rapport dressé par l’Académie de pharmacie – et disponible sur son site internet depuis la fin de semaine dernière – risquent de faire grincer bien des dents, notamment chez les pourfendeurs de ces fameux adjuvants aluminiques.

La mauvaise image des vaccins

D’emblée, les auteurs regrettent la mauvaise image des vaccins, qui ont pourtant permis d’éradiquer la variole, de contenir un grand nombre d’infections parmi lesquelles la diphtérie, le tétanos, la tuberculose et la rougeole, et d’envisager l’élimination prochaine de la poliomyélite. Les auteurs de ce rapport sont surtout inquiets de la remise en cause de la vaccination avec des produits contenant des adjuvants aluminiques, rendus responsables « d’une symptomatologie complexe regroupée sous le nom de myofasciite à macrophages » (MFM), qui provoque des douleurs musculaires, articulaires, de la fatigue et des troubles cognitifs.

Il faut savoir que l’aluminium est utilisé depuis plus de 80 ans dans les vaccins, sous la forme d’hydroxyde ou de phosphate. L’ajout de cet adjuvant s’explique par le fait qu’il stimule l’immunité de façon durable. Pour les académiciens, la quantité d’aluminium apportée par une dose de vaccins demeure toutefois « négligeable au regard des apports alimentaires, cosmétiques et professionnels ».

Un cas pour 360 000 vaccinations

Depuis vingt ans, 445 MFM ont été notifiés aux centres de pharmacovigilance en France, alors que, pour la même période, environ 160 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique ont été administrées, soit environ un cas pour 360 000 vaccinations. Les auteurs remarquent même l’existence d’un « pic épidémique » de ces complications entre les années 1994 et 2002 (avec un maximum annuel d’une cinquantaine de cas en 1996), donc pendant la campagne de vaccination contre l’hépatite B. Ils se demandent donc, logiquement, pourquoi le principal vaccin mis en cause est celui contre l’hépatite B, alors que le vaccin à adjuvant aluminique le plus utilisé dans la population générale est celui contre le tétanos.

Un seul nouveau cas en 2012

Autre motif d’étonnement : d’après les données de pharmacovigilance, un seul nouveau cas de MFM serait survenu depuis 2012 dans notre pays, alors qu’actuellement, environ 12 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique y sont administrées chaque année. Après un tel bilan, l’Académie de pharmacie se dit « favorable à ce que des travaux expérimentaux rigoureux soient réalisés pour tenter d’évaluer la réalité de la responsabilité des adjuvants aluminiques dans les manifestations cliniques observées chez certains patients puisque, à ce jour, aucune étude épidémiologique n’a pu être conduite sans biais ». Mais la dernière phrase de ce document traduit bien l’impression d’ensemble : elle « réaffirme avec force que le rapport bénéfice-risque est très en faveur de l’utilisation des adjuvants aluminiques ».

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