Des staphylocoques dangereux transmis par les vaches

Des staphylocoques dangereux transmis par les vaches
En comparant les séquences de différents isolats de staphylocoques dorés, des chercheurs ont montré que la vache était l’hôte d’origine d’une souche virulente qui sévit dans les hôpitaux du monde. Cette bactérie serait cependant devenue résistante à la méticilline une fois établie chez l’Homme.

Selon une étude, une souche de staphylocoque doré se serait tout d’abord développée chez la vache avant d’être transmise à l’Homme.

Le staphylocoque doré, ou Staphylococcus aureus, est une bactérie particulièrement pernicieuse. Présente chez 20 % des personnes saines, elle peut parfois devenir dangereuse et causer diverses infections, allant du simple furoncle à la septicémie mortelle. Le staphylocoque doré est d’autant plus redoutable qu’il est très difficile à combattre.

Au fil des années et de l’utilisation intempestive d’antibiotiques, le staphylocoque doré a accumulé des résistances et est devenu ce que les spécialistes appellent communément un « superbug ». Ainsi, seulement trois ans après la découverte de la méticilline, on identifiait déjà un staphylocoque doré résistant, le Sarm. Aujourd’hui, les souches résistantes se multiplient et posent un véritable problème de santé publique. Elles sont notamment responsables d’un grand nombre d’infections nosocomiales.

Le staphylocoque doré est de plus en plus résistant aux antibiotiques. Certaines souches, appelées Sarv, peuvent même résister à la vancomycine, un antibiotique utilisé comme dernier recours.

Quelle est l’origine de cette redoutable bactérie ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre des chercheurs de l’Institut Roslin en Écosse. Leur étude a mis le doigt sur un des vecteurs potentiels de ces bactéries, les bovins. Leurs résultats seront publiés prochainement dans la revue mBio.

Le staphylocoque doré a sauté deux fois de la vache vers l’Homme

Les scientifiques se sont particulièrement intéressés à une souche de Sarm appelée CC97, responsable de nombreuses infections à travers le monde. Au cours de cette étude, ils ont comparé les séquences de 43 isolats de CC97 provenant de différents hôtes comme l’Homme, les bovins et d’autres animaux. Grâce aux données récoltées, ils ont pu établir un arbre phylogénétique de cette souche et connaître son hôte d’origine. Leurs résultats suggèrent que la souche CC97 présente chez la vache est l’ancêtre de celle retrouvée chez l’Homme. « Les souches retrouvées chez les bovins ont une origine plus ancienne que celles des Hommes, ces données sous-entendent que CC97 s’est d’abord développée chez les vaches et qu’elle s’est transmise à l’Homme ensuite », explique Ross Fitzgerald, le directeur de l’équipe.

Les chercheurs se sont également rendu compte que les isolats humains de CC97 pouvaient être classés en deux groupes principaux, qu’ils ont appelés A et B. Selon eux, ce phénomène signifie que les bactéries ont sauté de la vache à l’Homme à deux périodes différentes. En utilisant le taux de mutation comme indicateur approximatif du temps, ils ont estimé que le groupe A a été transmis à l’Homme entre 1894 et 1977, et que le groupe B a sauté de la vache à l’Homme entre 1938 et 1966.

La résistance à la méticilline spécifique aux souches humaines

Les souches humaines et bovines possèdent leurs propres éléments génétiques mobiles, comme des plasmides, des bactériophages et des îlots de pathogénicité. Ces derniers peuvent porter des gènes codant pour des facteurs de virulence spécifiques à chaque hôte et pour des résistances aux antibiotiques. Ainsi, seules les souches humaines peuvent lutter contre un traitement à la méticilline, une capacité qu’elles ont probablement acquise à la suite de l’exposition aux antibiotiques utilisés dans le milieu médical.

Ce résultat est cependant distinct de ceux obtenus dans une étude récente réalisée sur des souches de staphylocoque doré provenant de porcs. Les données avaient en effet montré que la souche Sarm ST398 avait d’abord acquis la résistance à la méticilline chez l’animal avant de parvenir à l’Homme. Les auteurs avaient alors incriminé l’usage intempestif d’antibiotiques dans les élevages porcins.

Les scientifiques veulent désormais tester un plus grand nombre d’isolats variés, afin de dessiner un tableau plus large et complet de l’évolution des souches de staphylocoque doré. Ces études permettraient de mieux contrôler la transmission de souches virulentes des animaux vers l’Homme.

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