Cancer primitif du foie : essai de phase III en cours pour Livatag
Cancer primitif du foie : essai de phase III en cours pour Livatag de BioAlliance Pharma
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Créée en 1997, BioAlliance Pharma est une entreprise d’une cinquantaine de personnes qui fait de la R&D dans le secteur de la pharmacie. Si deux de ses médicaments, destinés à des pathologies dites de « spécialités », sont déjà présents sur le marché européen et aux Etats-Unis, l’essentiel de ses programmes de recherche est aujourd’hui focalisé sur des pathologies orphelines en cancérologie. Véritable cheval de Troie, constitué de doxorubicine encapsulé dans un polymère, Livatag fait aujourd’hui l’objet d’un essai international de phase III, randomisé, qui a démarré en juin 2012. Rappelons que l’étude clinique de phase II, mené chez des patients atteints de carcinome hépatocellulaire a montré une augmentation significative de 17 mois de survie chez ceux qui recevaient ce traitement.
« Le carcinome hépatocellulaire, ou cancer primitif du foie, est une pathologie extrêmement sévère. C’est en effet la 2ème cause de mort par cancer dans le monde », rappelle Judith Greciet, directrice générale de BioAlliance Pharma. Celle-ci précise qu’il y a environ 800.000 nouveaux cas par an dans le monde pour quelque 750.000 morts. Aussi les spécialistes parlent-ils d’une incidence qui égale la prévalence. Au moment du diagnostic qui se fait tardivement, du fait que cette pathologie aux stades les plus précoces est asymptomatique, les patients n’ont donc plus en moyenne qu’une espérance de vie d’environ 1 an. « A ce stade, la transplantation ou la résection n’est plus possible », souligne-t-elle. C’est donc cette phase la plus avancée du cancer du foie à laquelle s’intéresse l’équipe de BioAlliance Pharma, d’autant plus qu’il n’existe aujourd’hui qu’un seul traitement disponible, le Sorafenib. Celui-ci a reçu son autorisation de mise sur le marché suite à une étude de phase III qui a montré une augmentation de la durée d’environ 3 mois chez les patients traités par rapport à ceux du groupe ayant reçu un placebo.
Cette quasi absence de traitement est due au fait que ce cancer primitif du foie est extrêmement résistant. Ainsi, face à la chimiothérapie, les cellules tumorales de ce type de cancer réussissent à mettre en place des mécanismes de résistance qui rendent ce traitement inefficace. D’où la tendance actuelle des chercheurs d’expérimenter des thérapies dites « ciblées », utilisant des molécules très sophistiquées dont l’objectif va être d’essayer de frapper une ou plusieurs cibles spécifiques des cellules tumorales. Mais là encore, ces dernières réussissent à mettre en place des mécanismes empêchant ces thérapies de les attaquer. Aussi les chercheurs de BioAlliance Pharma ont-ils eu l’idée de faire entrer un cheval de Troie dans les cellules tumorales afin de les détruire. Or pour y parvenir, il faut les tromper, les leurrer à l’aide d’une structure polymère très particulière dans laquelle se trouve de la doxorubicine, utilisée en chimiothérapie, qui va être ensuite libérée au coeur de ces cellules pour les détruire. « D’où l’intérêt de la nanoformulation constituée entre autre d’une structure polymère très particulière de 100 à 300 nanomètres, capable de masquer le principe actif et d’empêcher ainsi les mécanismes de résistance de le reconnaître », résume Judith Greciet.
Menée chez des patients atteints de carcinome hépatocellulaire, une étude de phase II, menée sur 28 patients, a montré une survie médiane de 32 mois pour les patients traités avec Livatag, alors qu’elle n’était que de 15 mois pour les patients ayant reçu un traitement de référence de chimioembolisation. Cela dit, cette étude a été stoppée en raison de l’apparition d’effets secondaires sévères. « Nous avons dû retravailler notre modèle et redéfinir un nouveau schéma d’administration de ce traitement afin que celui-ci acquiert la tolérance acceptable nécessaire pour les patients tout en conservant son efficacité thérapeutique », explique la directrice général de BioAlliance Pharma. Lancé en juin 2012, une étude clinique de phase III, autrement dit la dernière étape du développement d’un médicament avant l’éventuel dépôt d’une autorisation de mise sur le marché, se poursuit en France, en Europe et aux Etats-Unis. 400 patients atteints de carcinome hépatocellulaire vont y participer. « Nous attendons des résultats préliminaires en 2016 », indique la directrice générale de BioAlliance Pharma qui souligne qu’une étude d’une telle ampleur nécessite un budget de 10 à 12 millions d’euros.
Rappelons qu’en juillet de l’année passée, cette entreprise a obtenu un financement de près de 9 millions d’euros de Bpifrance (ex-OSEO), la Banque Publique d’Investissement, dont 4,3 millions d’euros pour accélérer le développement industriel du projet Livatag. Un financement qui permet par ailleurs de soutenir la mise en place de NICE (Nano Innovation for Cancer), un consortium qui regroupe le CEA-Leti, qui développe la technologie Lipidots, l’Institut Galien Paris-Sud (Université Paris-Sud/CNRS), équipe académique spécialisée dans la recherche sur les nanoparticules, et les entreprises Nanobiotix et DBI, l’objectif de ce consortium étant d’établir la première filière de nanomédecine en France, axée plus particulièrement autour des aspects de caractérisation et d’industrialisation des procédés de fabrication propres aux nanomédicaments.