Mélanome : deux traitements révolutionnaires pour bloquer le développement des tumeurs
La recherche sur le plus grave type de cancer de la peau, le mélanome, vient de franchir un grand pas. Des chercheurs ont présenté les résultats des tests de deux nouveaux traitements capables de bloquer le développement des tumeurs et d’allonger la durée de vie des patients.
La nouvelle a fait sensation au sein de la communauté scientifique : des expériences menées en Grande-Bretagne sur des patients atteints de mélanomes avancés ont prouvé l’efficacité de deux nouveaux traitements visant à neutraliser les tumeurs. Le mélanome est un des cancers de la peau les plus rares, mais aussi l’un des plus graves. Lorsqu’il se répand à d’autres organes, il est particulièrement difficile à traiter. Un patient diagnostiqué d’un mélanome avancé ne peut espérer survivre que 6 mois en moyenne. Mais deux nouveaux traitements testés sur un nombre limité de malades ont permis d’allonger leur espérance de vie de un à deux ans.
Des anticorps pour bloquer la progression de la tumeur
Les deux substances, le lambrolizumab et le nivolumab, sont capables de bloquer le processus utilisé par le cancer pour échapper au contrôle du système immunitaire. “Ces nouvelles thérapies aident le système immunitaire à combattre ce cancer, auparavant très difficile à traiter efficacement”, explique le Professeur Peter Johnson, clinicien en chef du Centre de recherche sur le cancer au Royaume Uni. “Le mélanome ne peut croître qu’en trouvant un moyen d’échapper à la vigilance du système immunitaire. Une des manières de le faire est de déclencher un interrupteur d’arrêt sur les cellules immunitaires lorsqu’elles s’approchent de la tumeur. Ces traitements bloquent la capacité des cellules cancéreuses à utiliser cet interrupteur, permettant au système immunitaire de reconnaître et détruire la tumeur”, poursuit Peter Johnson dans les colonnes du Telegraph. Le lambrolizumab, également connu sous le nom de MK-3475, a été utilisé sur 411 patients. 69% d’entre eux ont survécu au moins un an après le traitement, ont affirmé les chercheurs à l’origine de ces expériences lors de la 50ème conférence de la Société d’Oncologie Américaine, du 30 mai au 3 juin dernier.
Eradication d’une métastase au poumon
Le Dr. David Chao a ainsi présenté le cas de l’un de ses patients, un homme de 64 ans atteint d’un mélanome avancé qui s’est étendu à ses poumons. Il y a quelques mois, Warwick Steele était presque incapable de marcher et de respirer normalement. Depuis le mois d’octobre dernier, il reçoit des perfusions de lambrolizumab toutes les trois semaines. Après seulement trois sessions, le Dr. Chao a a pu constater que sa métastase pulmonaire avait complètement disparu sous l’effet du traitement. “Le lambrolizumab semble avoir un potentiel révolutionnaire pour le traitement du cancer”, a déclaré le Dr. Chao, cité par la BBC.
De futurs tests à plus grande échelle pour confirmer des résultats encourageants
Combiné avec l’ipilimumab, une immunothérapie déjà existante, le deuxième anticorps testé s’est également avéré très efficace. Sur les 53 patients traités à l’aide de nivolumab, 85% ont survécu pendant un an, et 79% durant deux ans. Malgré des résultats très encourageants, les oncologues restent prudents, car les expérimentations n’en sont qu’à un stade primaire, et devront être suivies de tests bien plus larges afin de dresser des conclusions définitives. Il reste notamment à déterminer les possibles effets secondaires des traitements. Des transpirations nocturnes et de légers trous de mémoire se sont pour le moment manifestés chez Warwick Steele.
10.000 cas détectés chaque année en France
Près de 10.000 cas de mélanomes cutanés sont diagnostiqués chaque année en France, chez des patients âgés de 60 ans en moyenne. Avec 8.250 cas estimés en 2010, dont 47% chez l’homme, le mélanome se place au onzième rang des cancers, tous sexes confondus, selon l’Institut National du Cancer. Dans 80% des cas, il se manifeste par l’apparition d’une tâche pigmentée sur la peau, mais il peut aussi se caractériser par la modification de la couleur et de la forme d’un grain de beauté, dans 20% des cas. Les risques peuvent être internes ou externes : exposition au soleil et aux UV artificiels, type de peau, nombre élevé de grains de beauté ou antécédents personnels et familiaux peuvent jouer un rôle dans l’apparition d’un mélanome cutané.