Ce pansement devient fluorescent quand une plaie s’infecte

Un pansement intelligent qui détecte les infections
Des chercheurs britanniques ont mis au point un pansement qui, au contact de bactéries, est capable de briller et ainsi d’alerter rapidement patients et soignants sur l’état d’une blessure.

Après avoir subi une opération chirurgicale ou simplement s’être blessé, il arrive qu’un patient développe une infection. Si celle-ci n’est pas détectée à temps, elle peut se répandre et provoquer, dans les cas extrêmes, une septicémie. Mais un pansement qui devient fluorescent au contact de bactéries pathogènes, élaboré par des chercheurs de l’université de Bath (Royaume-Uni), pourrait permettre de repérer très tôt les plaies infectées.

L’union fait la force

«Toutes les plaies contiennent des bactéries. Tant qu’elles sont tenues en échec par le système immunitaire, cela ne pose aucun problème. Mais lorsque les bactéries commencent à former des biofilms et à coloniser la plaie, cela devient dangereux pour la santé du patient», explique le Dr Toby Jenkins, co-auteur de l’étude, au site IFLScience.

Les biofilms sont des communautés de micro-organismes (bactéries, champignons, algues,…) protégées dans un liquide visqueux qui leur donne la capacité d’adhérer à toutes les surfaces: le matériel médical, la paroi des tuyaux, mais aussi la peau. Les bactéries s’y échangent gènes et molécules et acquièrent ainsi une protection importante contre toutes sortes de menaces (antibiotiques, système immunitaire,…). En plus d’augmenter le risque d’une infection grave, les biofilms sont connus pour retarder la cicatrisation des plaies.

Détection en quelques minutes

Le pansement mis au point par le Dr Jenkins et son équipe est capable de détecter des toxines produites par les bactéries du biofilm. A l’intérieur du dispositif, des poches 500 fois plus petites que le diamètre d’un cheveu -les vésicules lipidiques- contiennent un colorant qui est libéré quand un certain seuil de toxines (donc un nombre de bactéries) est dépassé. Sous la lumière des UV, le pansement devient alors fluorescent.
Les chercheurs ont testé ce pansement intelligent avec les bactéries responsables de plus de la moitié des cas d’infections nosocomiales: Escherichia coli (26% de cas), Staphylococcus aureus aussi appelé staphylocoque doré (16% des cas) et Pseudomonas aeruginosa (8,4%) (chiffres de l’Inserm)

Ces colonies bactériennes ont été mises en contact avec de la peau de porc alors qu’elles étaient à différents stades de formation de leur biofilm. «Le taux de détection de biofilms a été spectaculairement rapide. Le pansement a permis de révéler la présence de bactéries en 4 heures, mais pour celles formant un biofilm, la réponse a été de seulement quelques minutes», s’étonnent les auteurs de l’étude publiée le mois dernier dans la revue ACS Applied Materials and Interfaces. Les tests actuellement disponibles pour savoir si une plaie est infectée par une bactérie pathogène demandent 1 à 2 jours, ce qui retarde considérablement les soignants dans leur tâche.

Au moins 3 ans de patience

La route reste longue d’ici à la commercialisation du pansement fluorescent, qui n’est encore qu’un prototype testé sur de la peau de porc. Des études cliniques sur des volontaires sont prévues d’ici 3 ans.

Selon les auteurs de l’étude, cette technologie pourrait être utilisée dans le diagnostic précoce d’infections survenant après une chirurgie, et permettrait indirectement de réduire le nombre de cas de septicémie. En France, une étude de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a révélé en 2012 qu’un patient hospitalisé sur vingt contracte une infection bactérienne lors de ses soins. Au total, cela représente quelques 750 000 infections par an qui conduisent au décès de 4000 patients.

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