Ebola : bientôt un vaccin à spectre élargi ?

Un vaccin contre les différentes souches de la maladie à fièvre hémorragique pourrait voir le jour après la mise en évidence de deux anticorps par un laboratoire américain.

Le laboratoire de recherche américain Mapp Biopharmaceutical, en partenariat avec l’Université Albert-Einstein de New York, a découvert des anticorps efficaces sur trois principales souches du virus Ebola (deux autres souches, plus mineures, sont également connues). Des analyses sanguines réalisées sur un survivant de l’épidémie de la fièvre hémorragique ont mis en évidence la présence de 349 anticorps impliqués dans la guérison du patient. Deux d’entre eux pourraient neutraliser les différentes souches du virus.

Les résultats de l’étude, parus dans la revue scientifique américaine Cell jeudi, révèlent que des tests ont d’ores et déjà été effectués avec succès sur des animaux. Ils auraient également bloqué le virus dans des tissus humains lors des expériences menées en laboratoire. Les chercheurs ont également découvert les gènes humains probablement à l’origine des cellules immunitaires qui produisent les deux anticorps. «Forts de ces données nouvelles, nous pouvons commencer à développer une immunothérapie pour prévenir l’infection aux trois souches du virus Ebola», explique le Dr John M. Dye, co-auteur de l’étude.

Comme il est impossible de déterminer à l’avance la souche qui causera les futures épidémies, mettre au point une thérapie unique est crucial, ajoute Zachary Bornholdt, un des scientifiques du laboratoire californien.
Un vaccin contre une des souches déjà testé

Des anticorps déjà isolés ont permis de mettre au point le premier antiviral «ZMappTM» contre la maladie. Mais l’action de ce traitement est circonscrite à la souche Zaïre du virus. Les souches du Soudan et du Bundibugyo ne sont en effet pas sensibles à la molécule. Douze vaccins passent actuellement les tests pour être certifiés. L’un d’entre eux, le rVSV-ZEBOV élaboré par le laboratoire Merck, déjà en cours de procédure d’homologation et de mise sur le marché, ne cible lui aussi que la souche Zaïre. Ayant montré une efficacité élevée lors des essais cliniques, selon L’Agence du vaccin et de la vaccination (GAVI), le laboratoire dispose cependant d’un stock de 300 000 doses de vaccins pour prévenir toute potentielle flambée d’épidémie.

Ces découvertes sont d’autant plus encourageantes que le virus Ebola sévit à nouveau depuis le 22 avril dans le nord de la république démocratique du Congo et a déjà fait 29 victimes dont 3 sont mortes. Une résurgence inquiétante, un an seulement après que l’épidémie la plus sévère des douze survenues depuis la découverte du virus en 1976 a été endiguée. Elle avait touché, entre 2013 et 2016, 29 000 personnes en Afrique de l’ouest (Liberia, Sierra Leone et Guinée) et causé plus de 11 000 décès. L’infection avait en outre affecté dans une moindre mesure la république démocratique du Congo en 2014.

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