De l’argile contre le staphylocoque doré ?

De l’argile contre le staphylocoque doré ?

Face aux bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques, peu de solutions alternatives existent. Une étude récente apporte une lueur d’espoir, en mettant en évidence que la composition ionique de l’argile lui conférerait des vertus antibactériennes.

Dans la lutte antibactérienne, les moyens d’action sont de plus en plus limités. Les antibiotiques, qui semblaient être le remède miracle contre de nombreuses infections il y a moins d’un siècle, sont désormais obsolètes. Les bactéries communiquent et s’échangent allègrement des gènes de résistance, ce qui leur permet de lutter contre les antibactériens. La multirésistance aux antibiotiques est devenue un problème de santé publique majeur, et de nouveaux moyens de traitements sont nécessaires.

L’argile est un outil thérapeutique très ancien. Les Égyptiens l’utilisaient dans le procédé de momification et dans le traitement des diarrhées, des abcès et des blessures. Durant la première guerre mondiale, les médecins allemands et autrichiens s’en sont également servis pour soigner la dysenterie, une maladie infectieuse du côlon. De nos jours, l’argile est par exemple employée en naturopathie ou pour des soins esthétiques.
Staphylococcus aureus est de plus en plus résistant aux antibiotiques. Seulement trois ans après la découverte de la méticilline, on identifiait déjà un staphylocoque doré résistant, appelé communément Sarm. Aujourd’hui, ils se développent et représentent un véritable problème de santé publique.

Une équipe de l’université d’État de l’Arizona vient de publier une étude dans la revue Plos One, qui met en lumière le rôle de l’argile dans l’élimination de bactéries pathogènes comme Escherichia coli ou le staphylocoque doré. Ce dernier est responsable de nombreuses infections sévères, voire mortelles. De plus, l’émergence de souches de staphylocoque doré très résistantes aux antibiotiques, appelées Sarm, rend son éradication extrêmement difficile.

L’argile possède des propriétés antibactériennes

Au cours de cette étude, les scientifiques ont examiné quatre échantillons d’argile capables d’éliminer plus ou moins efficacement Escherichia coli et le Sarm. Afin d’identifier les éléments de l’argile responsables de cette action antibactérienne, ils ont comparé leur composition ionique. Leur analyse montre que les fractions solubles diffèrent par leur teneur en certains ions métalliques tels que les ions fer, cuivre, cobalt, nickel et zinc.

Des expériences plus poussées ont montré que l’augmentation des concentrations en Zn2+, Ni2+, Co2+ et Cu2+ induisait un effet antimicrobien contre Escherichia coli. Pour tuer le Sarm, les concentrations de Zn2+, Co2+ et Cu2+ sont cruciales. Cependant, la quantité d’ions n’est pas un critère suffisant et d’autres paramètres, comme le pH, la solubilité des ions ou la température, interviennent dans les propriétés antibactériennes de l’argile.

Selon les auteurs, l’argile pourrait être un traitement alternatif efficace contre les bactéries qui deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Cependant, ce matériau peut contenir des métaux toxiques comme le plomb ou le mercure. Des précautions doivent donc être mises en place afin de minimiser le risque d’y être exposés.

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