Parkinson : un virus injecté dans le cerveau pour reprogrammer les cellules

Parkinson : un virus injecté dans le cerveau pour reprogrammer les cellules
Le 10 avril, veille de la journée mondiale Parkinson, paraissait une étude montrant l’efficacité, chez l’animal, d’une nouvelle thérapie cellulaire. Dans cette expérience innovante, des chercheurs suédois ont transformé des astrocytes du cerveau en neurones à dopamine.

Ce qu’il faut retenir
•    La maladie de Parkinson est liée à la perte de neurones à dopamine.
•    Des chercheurs suédois ont reprogrammé des astrocytes en neurones à dopamine grâce à un virus.
•    Chez des souris modèles pour Parkinson, cette thérapie cellulaire améliore les symptômes moteurs.

En France, la maladie de Parkinson touche environ 200.000 personnes. Neurodégénérative, elle est liée à la perte de certains neurones — ceux qui produisent la dopamine — présents dans la substance noire du cerveau. Actuellement, le traitement phare consiste à compenser ce déficit. Cependant, même s’ils réduisent les symptômes, ces médicaments n’empêchent pas la maladie de progresser.

Pour remplacer les neurones qui fabriquent la dopamine, des chercheurs ont déjà proposé des thérapies à partir de cellules souches. Mais cela implique d’en greffer dans le cerveau des patients, une procédure invasive qui pose aussi des problèmes techniques.

C’est pourquoi des chercheurs de l’institut Karolinska de Stockholm ont choisi une autre stratégie : transformer des astrocytes, des cellules de soutien présentes dans le cerveau, en neurones à dopamine.

Les chercheurs ont mis au point un cocktail appelé NeAL218, contenant trois gènes (NEUROD1, ASCL1 et LMX1A, trois facteurs de transcription) et une petite molécule d’ARN (miR-218). Ils ont utilisé un lentivirus pour infecter les astrocytes et transmettre ces gènes. Les résultats viennent de paraître dans Nature Biotechnology.

La reprogrammation des astrocytes fonctionne in vitro et in vivo

Les chercheurs ont ainsi reprogrammé des astrocytes humains en neurones à dopamine, in vitro. En culture, ils ressemblaient à des neurones à dopamine normaux : un axone poussait, les signaux électriques étaient présents et les astrocytes, reprogrammés en neurones, libéraient de la dopamine.

In vivo, les chercheurs ont injecté le cocktail de gènes dans le cerveau de souris modèles pour la maladie de Parkinson et observé leur comportement sur un petit tapis d’entraînement. En cinq semaines, elles marchaient plus droit, leurs mouvements étaient mieux coordonnés et leur posture meilleure. Pour Ernest Arenas, professeur de biochimie médicale, qui s’exprime dans Scientific American : « vous pouvez directement reprogrammer une cellule qui est déjà à l’intérieur du cerveau et changer la fonction de telle sorte que vous pouvez améliorer les symptômes neurologiques ».

Ces résultats permettent d’envisager de nouvelles perspectives de traitements. Cependant, avec cette technique, il est possible que le patient continue à perdre des neurones à dopamine au fur et à mesure de la progression de la maladie et qu’il faille répéter le processus de reprogrammation des cellules.

Les prochaines étapes pour cette recherche consisteront donc à montrer qu’elle est sans danger et efficace chez l’Homme.

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